Avant de lire cet article, si les termes d'allèle, dominant, récessif, homozygote et hétérozygote vous semblent quelque peu obscurs,
ou si vous ne savez pas comment fonctionnent les tableaux que je vais utiliser,
je vous encourage à relire les bases de la génétique en cliquant sur le lien suivant Les bases en génétique

Pour commencer ...

Les dernières recherches en génétique ont permis de mettre en évidence et localiser précisément certains gènes, et notement une partie des gènes codant la couleur chez le chien, permettant ainsi aux scientiques non seulement de confirmer et corriger si besoin les hypothèses développées au fil des ans, mais également de vérifier quels sont les allèles réellement existants.
Concernant nos quatre variétés, on sait donc maintenant avec certitude que la couleur "de base" est déterminée par deux gènes, le K ( locus black, situé sur le chromosome 16 ) et le A ( locus Agouti, situé sur le chromosome 24 )
Ces deux gènes font que soit le chien est noir, soit il ne l'est pas

Vous noterez que je parle d'autre que noir, et non pas de fauve ou de sable .
En effet ce qui fait qu'un chien est fauve ou sable est déterminé par un troisième gène, son fonctionnement est développé dans la partie 2, pour l'instant nous nous concentrons sur les séries A et K

On a donc les allèles suivants pour ces deux gènes:

• l'allèle K^b, qui donne une fourrure noire et est dominant sur les autres allèles de la série et sur la série A, la majorité des groenendaels sont noirs du fait de ce gène
• l'allèle k^y, qui laisse les allèles de la série A s'exprimer


• l'allèle A^y, qui donne donc un chien autre que noir
• l'allèle a, qui donne le noir récessif, c'est celui qui fait qu'exceptionnellement des groenendaels peuvent naître de deux tervuerens, ou que deux malinois donnent le jour à un chien à poil court noir, il est assez rare je le laisserais donc de coté dans un premier temps

Il existe également d'autres allèles pour ces deux gènes, ils produisent d'autres types de robe . Certaines ont été présentes autrefois dans le berger belge mais ont aujourd'hui pour ainsi dire disparu de la race, aussi je les laisse volontairement de coté pour l'instant afin de simplifier et se concentrer sur ce qui nous intéresse chez le berger belge, à savoir ce qui fait qu'un chien est soit noir soit autre .

Pour le berger belge on a donc en règle générale les formules génétiques suivantes:
Groenendael dit homozygote : K^b K^b A^y A^y , K^b étant un allèle dominant sur la série A, il s'exprime et le chien est donc noir
Groenendael hétérozygote K^b k^y A^y A^y , K^b étant bien présent et dominant sur l'ensemble notre chien est donc bien noir
Tervueren, malinois et laekenois : k^y k^y A^y A^y , k^y laisse s'exprimer A^y , on a donc un chien qui est fauve ou sable

Concernant le a , il est assez rare, et la grande majorité des bergers belges sont donc A^y A^y.
Mais bien que rare il peut être toutefois présent et ressort régulièrement dans la race, il devait donc être signalé
Je rédigerais un article séparé sur ce cas particulier qu'on appelle noir récessif dans un avenir proche, et pour la suite de cet article je considérerais donc que les chiens k^y k^y sont automatiquement des chiens fauves ou sables.

Les accouplements malinois X groenendaels et laekenois X groenendaels étant rigoureusement interdits, mais ceux tervuerens X groenendaels parfois autorisés, je ne parlerais que des poils longs pour les exemples qui vont suivre afin de simplifier, mais il faut garder à l'esprit que cela donne la même chose pour les poils courts et les poils durs, on ne traite ici que de la couleur du poil, pas de sa nature !

On va d'abord s'intéresser aux mariages entres groenendaels , et donc à la série K
Dans les tableaux suivants , au niveau des parents,
l'allèle K^b , qui donne donc du groenendael, sera dans les cases noires ,
et l'allèle k^y , qui laisse les gènes de la série A s'exprimer  et donne donc du tervueren, sera en orange

--> mariage entre deux groenendaels homozygotes pour le gène K, donc K^b K^b

Forcément nous n'obtenons que des chiens homozygotes K^b K^b, et donc noirs
À noter : les chiots étant tous homozygotes , ils ne pourront transmettre que K^b à leurs descendants , et ne produiront donc que du groenendael quoi qu'apporte leur partenaire

--> Mariage entre un groenendael homozygote K^b K^b et un groenendael hétérozygote K^b k^y

Nous obtenons ici :
• pour moitié des chiens homozygotes K^b K^b, et donc noirs
• pour moitié des chiens K^b k^y, qui sont noirs aussi, mais porteurs de l'allèle récessif k^y , et comme ils peuvent transmettre cet allèle à leurs descendants ces chiots peuvent potentiellement redonner du tervueren si leur futur partenaire apporte aussi ce k^y

--> Mariage entre deux groenendaels hétérozygotes, donc K^b k^y

Là ca devient un peu le bazard si je puis dire ... On obtient :
• un quart de groenendaels homozygotes , donc K^b K^b
• un quart de k^y k^y , donc des tervuerens
• et tout le reste, donc la moitié des chiots , sont des groenendaels hétérozygotes K^b k^y, c'est à dire des chiens noirs mais pouvant donner autre chose que du noir à leur descendants

On va s'intéresser maintenant aux mariages intervariété entre groenendaels et tervuerens

On a donc vu qu'un tervueren est forcément k^y k^y , il ne pourra donc redonner que cela à ses descendants
Mais comme un groenendael peut etre soit K^b K^b soit K^b k^y ,on a donc deux cas de figure,
soit le groenendael est homozygote, et tous les chiots seront des groenendaels
soit le groenendael est hétérozygote et il pourra y avoir des tervuerens dans la portée
Explications grâce aux tableaux

--> Cas n°1, mariage entre un tervueren k^y k^y et un groenendael homozygote K^b K^b

Cela nous donne donc uniquement des chiots K^b k^y, donc des groenendaels,
mais tous sont porteurs de l'allèle récessif k^y , et peuvent donc potentiellement le transmettre à leurs descendants et ainsi redonner du tervueren si leur futur partenaire apporte aussi ce k^y

--> Cas n°2 , mariage entre un tervueren k^y k^y et un groenendael hétérozygote K^b k^y

On obtient donc pour moitié des k^y k^y , donc des tervuerens, et pour moitié des K^b k^y , c'est à dire des chiens qui sont noirs mais peuvent redonner aussi bien du noir que du tervueren

Comme on peut le constater, une intervariété peut donc donner soit uniquement du groenendael , soit à la fois du groenendael et du tervueren, tout dépend de ce qu'apportera le parent groenendael

Ces deux tableaux montrent également le pourquoi de l'interdiction d'une intervariété entre groenendaels et malinois.
En effet sachant que le poil court est dominant sur le poil long, on se retrouverait avec des chiots à poil court noir, lesquels ne sont plus reconnus par le standard du berger belge.

Deux petites précisions en guise de conclusion

Ces tableaux montrent ce qui est théoriquement possible et ce qui ne l'est pas selon ce que possèdent les parents, c'est à dire le "potentiel génétique "
Mais les hasards de la génétique étant ce qu'ils sont, lorsqu'un individu est hétérozygote il peut arriver que sur une portée , pour un gène donné, il va plus retransmettre un de ses allèles que l'autre, allez donc savoir pourquoi !
On peut par contre constater que ces statistiques se vérifient sur la descendance globale d'un chien lorsqu'il a eu un grand nombre de nichées .

Il est fort possible que vous trouviez ici des informations différentes de ce que vous pourrez lire sur les différents livres sur le berger belge,
je tiens donc à préciser que cet article à été mis à jour en novembre 2010 d'après les toutes dernières connaissances et découvertes en génétique,
il faudra certainement du temps avant que ces découvertes ne soient répercutées dans les livres .

Cet article a été fait dans un soucis de vulgarisation et donc de simplification , pour ceux qui sont à l'aise avec le sujet je vous conseille l'excellent article de Jean-Marie Vanbutsele , disponible sur son site Belgians Dogs à la rubrique Genetics (article en français).

Vous avez des questions, des commentaires sur cet article ? N'hésitez pas à venir en discuter sur le forum, rubrique génétique et généalogie !

Article rédigé par Priscilla Bocchino
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